Hier matin, les groupes ont été invités par Jean-Michel à exposer la façon dont il compte mettre en musique les scènes déterminées pour chacun. L’occasion aussi de revoir partiellement les extraits et d’en discuter le découpage musical. Décider de la musique pour une scène implique de la comprendre dans son intimité. A quoi pensent les personnages, d’où viennent-ils, où vont-ils… ? La musique qui « colle » le plus est sans doute celle qui sait le mieux retranscrire le sentiment le plus profond de la scène. Et finalement, le compositeur ne doit donc pas seulement connaître la technique musicale et les poncifs du genre mais avoir un sens psychologique développé, une intuition musicale et une profonde connaissance des codes cinématographiques. Jean-Michel a coutume de dire que 80% des musiciens aujourd’hui qui font du home studio prétendent faire de la musique de film, alors qu’ils font de la musique « filmique ».
L’après-midi, Jean-Michel nous a passé un documentaire inédit sur Georges Delerue, mythique compositeur français et personnage hors norme, qui a créé la musique pour la bagatelle de 348 films (!). Au-delà des aspects biographiques, ce qui m’a le plus frappé, c’est cette spontanéité dans le rapport à la composition. Et notamment ces images sur lesquelles s’ouvre et se ferme le documentaire, où on le voit en gros plano jouer au piano et chanter fiévreusement à un réalisateur une nouvelle proposition. Cet homme transpire la musique, est capable de composer la mélodie la plus romantique comme le quatuor le plus contemporain. Les témoignages des réalisateurs avec lesquels il a collaboré attestent la rapidité de son travail, sa flexibilité lors des changements opérés au montage, deux qualités indispensables à un compositeur pour le cinéma.
Le documentaire nous apprend qu’Il n’avait pas d’ego quant aux séquences musicales rejetées par le réalisateur et se remettait à l’ouvrage sans faillir. Et que dire de ces images de lui au piano, griffonnant à toute allure des partitions d’orchestre impeccables et inspirées. Franchement, on se sent petit. Delerue donne l’impression d’appartenir à cette race d’homme rare, généreuse, appliquée à la tâche, excessive, passionnée au-delà de toute mesure.
Ciaravolo
mars 16, 2014
Salut et merci pour ton travail sur le blog!
J ai moi aussi retenue ce passage ou il peint la scène avec son piano ! Après je trouve beaucoup de ‘ ct le meilleur , y’a pas mieux ‘ même si on nous montre que le compositeur acceptait des refus (mais avec classe toujours … ) Par ailleurs c est bien de nous montrer l exemple mais je ne suis pas sur que ce soit la réalité… C est ce que je reproche à ce type de documentaire trop angeliste.
En tout cas, j espère que vous avancez bien et Il me tarde de voir le rendu hihop sur il était une fois !
Jeff
Xavier Collet
mars 17, 2014
Merci !
Tu as raison, c’est vrai que le documentaire fait l’impasse sur les moments difficiles, les doutes et les problèmes qui surviennent inévitablement lors d’une carrière, aussi doué et généreux soit le personnage.