La nuit est tombée. L’orage ou plutôt son éternel retardataire le tonnerre fait résonner les montagnes ariégeoises comme de gigantesques instruments endormis. J’ouvre les « syllogismes de l’amertume » de Cioran. Y puise quelques sentences trouvées au chapitre intitulé « sur la musique », qui m’inspirent et que j’ai envie de partager, une fois n’est pas coutume.
« Sans l’impérialisme du concept, la musique aurait tenu lieu de philosophie : c’eût été le paradis de l’évidence inexprimable, une épidémie d’extases. »
La suivante à laquelle je suis particulièrement sensible : elle indique que le véritable sentiment religieux ne relève pas de la croyance, mais de l’expérience, fut-elle des sens (et notamment via la musique dans le cas présent). Ce pourquoi Carl Gustav Jung répondait « Je sais » quand on lui demandait s’il croyait en Dieu.
« Sans Bach, la théologie serait dépourvue d’objet, la Création fictive, le néant péremptoire.
S’il y a quelqu’un qui doit tout à Bach, c’est bien Dieu. »
« Point de musique véritable qui ne nous fasse palper le temps. »
« L’infini actuel, non-sens pour la philosophie, est la réalité, l’essence même de la musique. »
Et pour finir, à juste titre :
« La musique, système d’adieux, évoque une physique dont le point de départ ne serait pas les atomes, mais les larmes. »
valéry H
septembre 18, 2012
Merci,
je ne connaissais ni le philosophe ni l’ouvrage.
Décrit comme il le fait les mots choisis deviennent des mélodies.
Valéry h
Cioran
août 3, 2017
Génial ce Cioran, plein de vérité et à la fois tellement mélancolique… D’autres citations de Cioran dans Syllogismes de l’amertume : https://citation-proverbe.org/citations-cioran-syllogismes-de-lamertume/