- L’acoustique du home studio (1ère partie) : enjeux des mesures
- L’acoustique du home studio (2ème partie) : introduction au logiciel de mesure Room EQ Wizard
- L’acoustique du home studio (3ème partie) : préparation des mesures et calibrages préliminaires
- L’acoustique du home studio (4ème partie) : mesures et interprétation
- L’acoustique du home-studio (5ème partie) : précision et diffusion, un équilibre à trouver
- L’acoustique du home-studio (6ème partie) : l’absorption : phénomène, procédés et matériaux
- L’acoustique du home-studio (7ème partie) : disposition du studio et des traitements
- L’acoustique du home studio (dernière partie) : un exemple réussi
Nous allons aujourd’hui tenter de saisir les enjeux et moyens des mesures acoustiques. Que mesure-t-on ? Comment le mesure-t-on ? Quels types de signaux permettent de faire des mesures ? Dans quelles conditions ? A l’aide de quel matériel ?
Tout espace clos affecte la réception d’un signal sonore émis en son sein.
Nous avons vu lors du précédent billet qu’une pièce n’était pas « neutre » sur le plan acoustique. Elle affecte le signal diffusé avant de parvenir à l’oreille, pour un ensemble de raisons liées à sa géométrie, sa taille, les matériaux qui la recouvrent etc… Les ondes sonores dans une pièce se comportent sensiblement comme des vagues dans un aquarium : les ondes sont répercutées par les parois : elles se rencontrent, s’additionnent ou se soustraient jusqu’à perdre leur énergie absorbée par les différents obstacles rencontrés sur leur trajet (dont le frottement de l’air), ou transmise à travers les parois.
Cette influence de la pièce sur le signal se manifeste en particulier sur le plan fréquentiel : nous avons vu dans le billet précédent que les écarts d’amplitude générés par une salle pouvait atteindre 50 dB dans le bas du spectre. Le traitement acoustique d’une pièce visera en premier lieu à rendre la réponse fréquentielle de ce système acoustique la plus plate possible : on cherchera au fil du processus de traitement à réduire les creux et les bosses, en plaçant des matériaux adaptés sur le trajet des ondes sonores et dans les endroits « clés » de la pièce (angles, murs parallèles…). Parallèlement, on cherchera le cas échéant à réduire le temps de réverbération et à supprimer les « mauvais »échos (écho franc, écho tonal et écho flottant). Les activités de post-production audio nécessite une excellente intelligibilité du signal perçu par l’ingénieur du son afin de faire un travail de précision. Plus le temps de réverbération est important, plus le signal perd en intelligibilité. Des valeurs de 0,3 secondes sont le maximum généralement admis pour une régie.
Note : la réverbération ne fait pas l’objet du même traitement s’il s’agit d’une salle de contrôle (mixage / post-production) ou d’une salle de concert ou d’enregistrement. Une réverbération naturelle équilibrée aura dans le dernier cas des avantages pour le confort d’écoute du public et celui de jeu des musiciens.
Le protocole de mesure : une source, un micro.
Revenons au protocole de mesure : nous aurons besoin d’une source sonore. Un haut-parleur ou un couple de haut-parleurs disposés à la place préssentie pour l’utilisation future, si possible en respectant un certain nombre de points (égale distance des murs latéraux par rapport aux hauts-parleurs, triangle équilatéral entre le point d’écoute et les deux moniteurs, les éloigner du mur arrière d’au moins un mètre afin d’éviter le filtrage en peigne etc…) .
Toute l’analyse repose sur une technique de base : comparer le signal enregistré dans la pièce au signal original.
Nous aurons donc besoin d’un microphone qui soit le plus fidèle possible, afin de ne pas influencer les données par ses propres caractéristiques. Il existe des micros dédiés aux mesures acoustiques sur une gamme de prix très variés. Si vous possédez un micro statique omnidirectionnel de bonne facture, il pourra aussi faire l’affaire.
Maintenant se pose la question du type de signal à diffuser afin de faire des mesures. Pour cela, un petit détour théorique est nécessaire.
La clé de voûte des mesures acoustiques : la réponse impulsionnelle
Ne vous laissez pas impressionner par le terme, s’il vous est encore étranger.
Voici la définition qu’en donne Antonio Fischetti dans son « introduction à l’acoustique » :
Supposons qu’un son très bref (ce qu’on appelle une impulsion)soit émis par une source sonore et considérons un point de réception dans la salle. L’onde est émise dans toutes les directions. Le premier front d’ondes qui parvient au point de réception est celui qui part de la source pour atteindre directement le point de réception : on l’appelle le son direct. La multitude d’ondes réfléchies par les parois de la salle constitue le son réverbéré. La pression recueillie en un point donné constitue la réponse impulsionnelle de la salle. Le tracé du son direct et de la succession des réflexions constitue l’échogramme.
Dans la pratique, on confond souvent la réponse impulsionnelle, qui consiste en une empreinte sonore enregistrée de la salle et l’échogramme qui en découle (illustration de droite). Cela peut être source de confusion car la réponse impulsionnelle permet de connaitre le « comportement fréquentiel » de la salle alors que l’échogramme n’indique que les réflexions et leurs amplitudes respectives. D’autres diagrammes, calculés à partir de la réponse impulsionnelle, nous donneront les caractéristiques fréquentielles du système acoustique qu’est la salle en question (tel le diagramme de réponse en fréquence et le diagramme « Waterfall »).
La rubrique d’aide du logiciel de mesure que nous allons utiliser en donne une définition moins formelle mais peut-être plus explicite à certains égards :
La réponse impulsionnelle est en définitive un enregistrement ce qui se passerait si l’on diffusait un son extrêmement fort comme une détonation de pistolet dans une salle donnée. La raison pour laquelle on souhaite mesurer une RI est que cela permet de caractériser totalement le comportement d’un système constitué de hauts-parleurs et la pièce dans laquelle ils se trouvent, en un point donné.
Notez bien qu’il n’y a pas de réponse impulsionnelle unique dans une salle, mais que celle-ci dépend de la position de la source et du récepteur. La réponse impulsionnelle est en quelque sorte la signature acoustique de la salle pour ces positions données. Son utilité provient du fait que l’on va pouvoir déduire l’influence de la salle pour n’importe quel signal émis et de là effectuer les traitements qui s’imposent.
Pour obtenir la réponse impulsionnelle, on diffuse habituellement un son très bref dans cet espace, une impulsion bruiteuse (dirac) tel un coup de revolver, et l’on compare au cours de l’opération dite de « déconvolution » le signal émis et le signal reçu, ce qui permet d’obtenir la réponse impulsionnelle. (Rassurez-vous, il existe des altenatives au revolver)… Afin de vous aider à mettre en relation échogramme et réponse impulsionnelle, voici quelques exemples de réponses impulsionnelles : la pièce à vivre d’une maison de ville, un auditorium de 1800 places et enfin une chapelle.
La méthode du balayage logarithmique peut être substituée à celle de l’impulsion : en lieu et place d’un dirac, on va diffuser un signal balayant les fréquences sur un intervalle choisi (par exemple 20 à 20000) et en déduire la réponse impulsionnelle. Le processus d’obtention des résultats diffère mais les données recueillies sont équivalentes. Entre autres avantages,la méthode du balayage permet de travailler sur une bande de fréquence donnée (ex : de 30 à 200 Hz). De plus, le rapport signal/bruit, la précision et la reproductibilité des mesures sont très largement supérieures.
Pour finir, voilà comment les choses devraient se passer le jour où vous décidez de faire des mesures : vous placez les enceintes à l’endroit ad hoc dans ce qui deviendra le studio, si possible vide de tout mobilier, afin de ne pas influencer les mesures. Vos enceintes, reliées à la carte son de votre ordinateur vont diffuser un signal à un volume relativement élevé, généré par le logiciel de mesure lui-même. Le microphone de mesure sera placé au point d’écoute pressenti de l’utilisateur et enregistrera le signal émis. Puis à la suite d’une série de calculs effectués par le logiciel, un certain nombre de diagrammes seront générés, ce qui nous permettra de faire des choix pour le traitement acoustique. Par ex :
- le temps de réverbération est supérieur à une demi-seconde ? Il faudra placer des matériaux absorbants
- il y a de gros écarts d’amplitude entre 30 et 200 Hz ? il faudra sans doute disposer des bass-traps dans les angles de la pièce, voire un absorbeur à membrane
- la pièce présente des modes propres trop prononcés, un écho tonal est présent ? On verra dans quelle mesure on peut réduire l’influence de parois trop symétriques en disposant des surfaces irrégulières pour assurer une diffusion plus homogène des ondes sonores.
La prochaine fois, nous ferons une présentation du logiciel que nous allons utiliser pour les mesures et des diagrammes les plus importants pour nous.
Stay tuned !
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manu
octobre 16, 2011
Bonjour,
pour pinailler un peu, je dirais (sans être moi même spécialiste) que l’expression
‘une propriété intéressante d’une réponse impulsionnelle est que si on la décompose en ondes sinusoïdales individuelles, on constate qu’elle contient toutes les fréquences à la même amplitude.’
est un peu malheureuse. C’est plutôt l’impulsion qui a cette propriété, et c’est justement parce que la réponse ne l’a pas que son analyse est intéressante, non ?
Xavier Collet
octobre 20, 2011
Tout à fait. Merci de votre vigilance, je fais la correction nécessaire.
Thierry B.
décembre 28, 2011
Bonjour Xavier.
Je suis tombé par hasard sur votre blog, rubrique Acoustique, en cherchant des informations et des idées sur l’isolation et la correction acoustique des salles.
Mon projet est de réaliser une petite pièce de travail pour mon piano acoustique (droit): j’ai la pièce, il ne reste » plus qu’à » travailler l’acoustique de celle-ci pour la rendre « jouable » !
ce qui n’est pas le cas pour l’instant: c’est une petite pièce ( L=4m x l=3.5m x h=2.6m ) murs et plafond en brique de galandage, enduit plâtre, parquet flottant en bois vernis sur une dalle en béton, une porte, une fenêtre. Je ne prévois aucun meuble dans cette pièce de la maison, uniquement le piano et le siège !
Pour l’instant la réponse de la pièce est insupportable (modes propres très marqués, réflexions aussi, TR très important, au pif 2 à 3 secondes), résultat: impossible de jouer dans ces conditions, il faut absolument que je fasse quelque chose rapidement avant de ne plus avoir d’oreilles… le pauvre JS Bach en serait tout retourné d’entendre sa musique jouée dans ces conditions.
Je suis donc prêt à me lancer dans des mesures et à modifier ma pièce en conséquence, en respectant les règle de l’Art en matière de traitement acoustique…
J’ai lu avec intérêt les 7 parties de votre texte sur « l’acoustique du home studio », ainsi que sur les microphones, c’est très bien fait, félicitations !
Il me semble néanmoins que certaines parties nécessiteraient plus de développements et précisions, en effet dans la première partie vous dites:
» …Le protocole de mesure : une source, un micro.
Revenons au protocole de mesure : nous aurons besoin d’une source sonore. Un haut-parleur ou un couple de haut-parleurs disposés à la place pressentie pour l’utilisation future, si possible en respectant un certain nombre de points (égale distance des murs latéraux par rapport aux hauts-parleurs, triangle équilatéral entre le point d’écoute et les deux moniteurs, les éloigner du mur arrière d’au moins un mètre afin d’éviter le filtrage en peigne etc…) … »
et plus loin,
« …Nous aurons donc besoin d’un microphone qui soit le plus fidèle possible, afin de ne pas influencer les données par ses propres caractéristiques. Il existe des micros dédiés aux mesures acoustiques sur une gamme de prix très variés. Si vous possédez un micro statique omnidirectionnel de bonne facture, il pourra aussi faire l’affaire… »
Or, en toute rigueur il me semble que pour réaliser des mesures correctes (et précises) des caractéristiques acoustique de la pièce, il faudrait connaitre au préalable le comportement du micro de mesure mais aussi de la source sonore qui sert à faire les mesures ! en faite il faut que tous les composants de la chaine de mesure (micro / électronique/ source sonore) soient connus et calibrés, avant de se lancer dans des mesures …il me semble que l’étalonnage est un des grands principes de la mesure !?
Vous vous placé ici dans le cadre d’un home studio pour faire « jouer » un système électro-acoustique, mais comment voyez-vous les choses pour une pièce de travail pour le piano ? ou pour un autre instrument d’ailleurs ?
Quel micro et quelle source utilisez-vous ? ou utiliseriez-vous ?
et comment tenez-vous compte de leurs caractéristiques dans vos mesures finales ?
car vous ne dites rien à ce propos !?
J’ai lu plus loin dans une autre partie du texte que vous relevez la réponse de la carte son avec le logiciel REW, mais qu’en faite vous ensuite ?
Cordialement, Thierry B.
Thierry B.
décembre 30, 2011
Bonjour Xavier,
pour reprendre et compléter mon propos du 28 décembre, dans la mesure ou ce sont les caractéristiques acoustiques de la pièce qui m’intéresse, et elles seules, et non pas l’ensemble micro/électroniques/source sonore, il faut bien que je connaisse le comportement de la source sonore. Il faut donc bien que mon enceinte acoustique ai été caractérisée au préalable il me semble ? je ne peux pas me permettre d’utiliser une enceinte epsilon sans précaution.
Plusieurs solutions pour cela: Acheter une source sonore de référence ou faire caractériser mon enceinte par des spécialistes, ou faire les mesures moi même ? je ne sais pas quelle est la meilleur solution ? disons que la troisième m’intéresse plus pour son coté didactique, mais encore faut-il avoir les moyens techniques de faire ces mesures.
En relisant la documentation de REW ( que j’ai déjà installé et fait tourner en suivant vos indications) j’ai la réponse à ma question sur la calibration de la carte son: c’est REW qui utilise le résultat de la mesure pour faire une compensation automatique, si j’ai bien compris.
Cela m’a conduit à me poser une autre question: Boucler la sortie de la carte sur son entrée permet effectivement de tester la carte, mais si j’utilise un amplificateur pour alimenter ma source sonore, je suppose qui faut alors boucler la sortie de l’ampli sur l’entrée de la carte son pour obtenir le comportement de l’ensemble carte+ampli ?
J’ai bien d’autres questions qui me viennent à l’esprit en relisant vos billets, je vais essayer, si vous êtes d’accord, de les formuler au fil de l’eau dans vos billets suivant.
PS: Je ne suis ni acousticien, ni ingénieur du son, ni musicien professionnel, ou je ne sais quoi encore, simplement curieux et intéressé par ce sujet de l’acoustique des salles, et désireux de faire avancer le problème d’acoustique de ma pièce de travail.
Cordialement, Thierry B.
Xavier Collet
janvier 2, 2012
Bonjour Thierry,
merci pour votre enthousiasme ! Je ne pourrais répondre à toutes vos interrogations. Quelques considérations par rapport à votre problématique :
– l’acoustique idéale d’une pièce dédiée à la pratique musicale est fort différente de celle d’une cabine d’écoute. Les acousticiens utilisent la notion de TR optimal, qui est une caractéristique dépendante de l’utilisation de l’espace en question. Il sera différent à l’Opéra, à Bercy, à la gare du Nord ou dans une cabine de prise de voix. Le temps de réverbération de votre espace peut donc être largement supérieur à celui recommandé pour un home studio. Si vous écoutez des enregistrements d’Alexandre Tharaud par exemple, vous constaterez que le TR sur ses enregistrements est assez long. Un piano ne sonne jamais aussi bien que lorsqu’il se déploie dans un espace acoustique diffusant qui le met en valeur et lui donne une aura.
– votre pièce n’aura pas une exigence de neutralité de réponse en fréquence aussi forte qu’une cabine de contrôle. Mais il est évident que vous devrez anéantir tout mauvais écho. Les cabines de prise de son peuvent être choisies pour leur couleur, qui est le fruit d’un ensemble de paramètres acoustiques leur conférant chaleur, brillance, profondeur etc… Vous pouvez comparer une pièce de pratique ou d’enregistrement à un instrument : il y est moins question de perfection, de neutralité que de goût et de subjectivité.
– vous surestimez peut-être l’importance des caractéristiques du matériel utilisé. Pinailler de 1 ou 2 dB sur votre ampli ou votre micro est disproportionné dans une pièce où les écarts de réponse peuvent atteindre 40dB. Vos premières mesures vous ont sans doute montré que l’espace mesuré pouvait faire varier la courbe de réponse de plusieurs dizaines de dB. De telles différences ne seront jamais causées par du matériel correct et adapté (ne pas faire de mesures avec un micro chant et un ghetto blaster bien entendu ;-).
Je pense que votre recherche du son doit porter en priorité sur l’emplacement du piano dans la pièce (afin d’éviter les annulations) ; des dispositifs de diffusion efficaces afin d’assurer une bonne dispersion du son, de casser tous les parallélismes et dans un dernier temps envisager de l’absorption si le TR vous parait toujours trop long ; surtout si le plafond n’est pas très haut, il sera judicieux de le traiter, pour rendre la pièce virtuellement plus aérée. Observer la conception de studios d’enregistrements pourra sans doute vous donner des idées.
Thierry B
janvier 3, 2012
Bonjour Xavier et merci beaucoup pour votre réponse et les pistes de travail que vous m’indiquez.
Vous dites:
[…l’acoustique idéale d’une pièce dédiée à la pratique musicale est fort différente de celle d’une cabine d’écoute…]
J’en suis très conscient.
[…Les acousticiens utilisent la notion de Tr optimal, qui est une caractéristique dépendante de l’utilisation de l’espace en question. Il sera différent à l’Opéra, à Bercy, à la gare du Nord ou dans une cabine de prise de voix. Le temps de réverbération de votre espace peut donc être largement supérieur à celui recommandé pour un home studio…]
OK, le problème c’est que je ne trouve pas dans la littérature de valeur de Tr optimal pour une petite salle comme la mienne (V=35 m3) et pour une salle de travail du piano en particulier ? mais peut-être que la notion de Tr optimal dans le cas d’une petite pièce n’est plus un critère satisfaisant ?
[…votre pièce n’aura pas une exigence de neutralité de réponse en fréquence aussi forte qu’une cabine de contrôle…]
Effectivement, mais n’ayant pas d’expérience j’ai un peu de mal à me fixer des critères objectifs et subjectifs comme base de travail.
[…Mais il est évident que vous devrez anéantir tout mauvais écho. Les cabines de prise de son peuvent être choisies pour leur couleur, qui est le fruit d’un ensemble de paramètres acoustiques leur conférant chaleur, brillance, profondeur etc… Vous pouvez comparer une pièce de pratique ou d’enregistrement à un instrument : il y est moins question de perfection, de neutralité que de goût et de subjectivité…]
Oui je comprend bien mais là encore, sur quelques bases dois-je partir pour une petite salle dédiée au travail du piano ? quitte à la faire évoluer par la suite (inévitablement) ?
[…vous surestimez peut-être l’importance des caractéristiques du matériel utilisé. Pinailler de 1 ou 2 dB sur votre ampli ou votre micro est disproportionné dans une pièce où les écarts de réponse peuvent atteindre 40dB…]
Je comprend votre réaction, ce que j’ai écrit peut le laisser penser, néanmoins ce n’est pas le cas, mais d’un autre coté autant travailler avec un matériel dont on connait les caractéristiques, et qui soit le plus satisfaisant possible, dans la limite d’un coût raisonnable car il ne s’agit pas de travailler avec du matériel de laboratoire !
[…Vos premières mesures vous ont sans doute montré que l’espace mesuré pouvait faire varier la courbe de réponse de plusieurs dizaines de dB. De telles différences ne seront jamais causées par du matériel correct et adapté (ne pas faire de mesures avec un micro chant et un ghetto blaster bien entendu…]
Oui vous avez raison, mais ma plus grosse incertitude porte actuellement sur l’enceinte acoustique dont je dispose pour faire les mesures, je ne connais pas vraiment sa réponse, il s’agit du enceinte HiFi deux voies de marque JMlab.
Or j’observe que les acousticiens utilisent plutôt des sources acoustiques omnidirectionnelles calibrées pour faire ce genre de mesures…
A propos de mesures, le logiciel REW utilise la méthode du chrip logarithmique pour balayer le spectre, d’autre logiciels utilisent la méthode MLS. Il semble que cette dernière à notamment l’avantage de garantir un meilleur rapport signal/bruit lors de la mesure ? je ne sais pas dans mon cas si cela présente un intérêt ?
[…Je pense que votre recherche du son doit porter en priorité sur l’emplacement du piano dans la pièce (afin d’éviter les annulations)…]
Je suis d’accord avec vous, mais là encore je ne dispose pas de critère objectif, je suppose qu’il y a un certain nombre de règles simples à respecter pour une première approche, mais lesquelles ? distance de la table d’harmonie par rapport aux murs en fonctions des longueurs d’ondes ? vous me direz peut-être qu’il faut simplement essayer plusieurs positions et comparer, le problème c’est que la position du piano (la source) et donc du pianiste (le récepteur) conditionnent à la fois la position de la source acoustique et du micro lors des mesures, mais aussi conditionnent les corrections à apporter à la pièce, il faut donc avoir au préalable une idée assez précise de la position du piano dans la pièce avent de ce lancer dans toute cette démarche ? qu’en pensez-vous ?
[…des dispositifs de diffusion efficaces afin d’assurer une bonne dispersion du son…]
Je suppose que vous parler des diffuseurs de Schroeder par exemple ? la encore je suis dans une phase ou je me pose beaucoup de question sur leur utilisation… nombre, largeur spectral, positionnement…etc, je viens de découvrir qu’il existe des diffuseurs à résidus quadratiques fractal pour augmenter la largeur spectrale du diffuseur, je ne savais pas.
Tous ces matériels et matériaux étant relativement coûteux, comme d’ailleurs l’ensemble de la démarche d’isolation et de correction acoustique, autant faire le moins d’erreurs possible dans ses choix !
[…de casser tous les parallélismes…]
Dans la mesure ou ma pièce sera dédiée à la pratique du piano, je me demande si je n’aurais par intérêt à modifier la géométrie de celle-ci en rendant les murs non parallèle deux à deux, ainsi que le plafond par rapport au sol, lors de la phase de réalisation de l’isolation acoustique ?
Vous ne me dites rien des Bass-Traps pour casser les résonances à bases fréquences ?
[…et dans un dernier temps envisager de l’absorption si le TR vous parait toujours trop long…]
OK, pourquoi ne pas progresser par pas effectivement, avec des nouvelles mesures à chaque étapes…
[…surtout si le plafond n’est pas très haut, il sera judicieux de le traiter, pour rendre la pièce virtuellement plus aérée…]
De quelle façon ? là aussi par des diffuseurs au plafond ?
Cordialement, Thierry B.
Xavier Collet
janvier 5, 2012
Bonjour Thierry,
je me rends compte en essayant de vous répondre que je m’approche de plus en plus de mon niveau d’incompétence au fur et à mesure que le contenu de cet échange s’éloigne du sujet initial du billet :-). Je vous invite à poser vos questions sur des forums dédiés à l’acoustique où des gens du métier pourront sans doute vous répondre avec précision.
Vous pouvez commencer ici : http://www.sounddesigners.org/index.php?name=PNphpBB2&file=viewforum&f=46
En substance, pour autant que je puisse encore vous donner un conseil, essayez de définir par des mots simples le type de sonorité que vous aimeriez avoir, en écoutant/comparant des enregistrements de piano. Une fois cela posé, faites évoluer pas à pas les traitements acoustiques de votre pièce et en faisant des mesures, afin d’objectiver les sensations. Le chemin inverse est rassurant pour l’intellect, mais pas forcément le meilleur pour le développement de la sensibilité auditive.
Bon courage ! Je serai heureux de suivre l’avancement de votre projet. N’hésitez pas à m’en tenir informé par message privé.
Xavier
PS : D’une manière générale, un plafond bas gagne à être traité par de l’absorption, afin de réduire les réflexions précoces venant de lui, qui trahissent la petite taille de la pièce ; par ailleurs, faire des mesures implique au minimum d’utiliser des moniteurs de studio et un micro de mesure. Le matériel hi fi a tendance à être plus flatteur et moins neutre, même quand il est de bonne qualité. Enfin, vous pouvez obtenir une diffusion satisfaisante avec une bibliothèque ou tout meuble/objet susceptible de renvoyer de manière chaotique les ondes reçues. Un mur de pierres apparentes , des surfaces courbes ont également un intérêt de ce point de vue.
Thierry B.
janvier 7, 2012
Bonjour Xavier et merci encore pour tous ces conseils que je vais intégrer à ma démarche.
Je ne manquerais pas de visiter votre blog de temps en temps, et de vous donner des nouvelles de mon projet lorsque j’aurais un peu avancer… J’ai passé une semaine très enrichissante à faire de la recherche bibliographique, il y a des livres extraordinaires sur tous ces sujets ! (en anglais).
J’ai aussi bien avancé dans ma connaissance de REW, ses possibilités et ses limites… en parallèle je suis en train de développer sous Scilab, plateforme Linux, des traitements similaires, je pense qu’il y a des choses très intéressantes à faire…
Cordialement, Thierry B.
PS: http://www.scilab.org/
Renaud Schweitzer
février 20, 2012
Bonjour
Merci pour ces précieux et nombreux conseils, que je vais bientôt mettre en pratique.
Je compte traiter une pièce presque carrée (hélas!) d’environ 3,4×3,2m, avec un terrible écho dans la pièce et m’attelle donc à la tâche.
Je suis actuellement en train de lire le livre de Mitch Gallagher « Acoustic design for the home studio », ouvrage très bien fait, clair et très pédagogique.
Question bête : je me demandais si vous aviez une idée sur le niveau de précision nécessaire pour un sonomètre. Le modèle à 30€ (+-3,5dB de précision) est-il suffisant ou bien vaut-il mieux prendre la gamme au-dessus à 50€, avec une précision de + ou – 2 dB ?
Merci encore pour ce tutoriel !
Xavier Collet
février 20, 2012
Bonjour Renaud et merci pour votre retour. Comme le sonomètre va permettre de calibrer la plage dynamique du studio, je dirais que cela dépend du type d’application. Pour un audi de mixage cinéma, une précision supérieure est sans doute nécessaire. Pour des applications variées, où l’intensité sonore de travail varie selon les projets, cette précision est peut-être moins capitale. Pour ma part, j’utilise celui à 30€ qui me comble largement !
Renaud Schweitzer
février 20, 2012
Merci pour le retour éclair !
Je pars sur le modèle à 30€
:)